[TEST] Battle Garegga (Arcade)
Publié : 06 févr. 2012, 22:25
Welcome to violent city
(ah non merde c'est pas ça)
1/Présentation générale dudit jeu.(ah non merde c'est pas ça)
Battle Garegga est le quatrième shmup développé par la société Raizing, née sur les cendres de feu Toaplan. Après Mahou Daisakusen, Shippu Mahou Daisakusen et Soukyu Gurentai, c’est donc ce Battle Garegga qui arrive dans les salles d’arcade nippones en cette douce année 1996.
Mélange de classicisme et de modernité, Battle Garegga est considéré comme l’un des pères des Manic Shooters (ou Danmakus pour les mecs classes comme moi qui préfère se la jouer «je parle jap’, je suis puriste»). En effet, si Batsugun est clairement identifié comme le premier essai du genre (1993 quand même) et le jeu qui inspirera la série de DoDonPachi, Battle Garegga a aussi un rôle à jouer dans cette belle histoire. C'est aussi l'un des jeux qui servira à écrire la légende de grand, de l'immense Shinobu Yagawa, le concepteur de shmups qui ne vous aime(nt) pas (Recca, Ibara, DDP DFK Black Label,...).
Et hop, c’est parti pour un test super sympa avec plein de tôle froissée mais pas de boobs (dommage...)
2/ Histoire and co (vaisseaux - boss)
Tiens c’est vrai ça. Quelle est donc cette histoire qui justifie que des petits n’avions tout minables aillent se frotter à un flotte aérienne digne de la Wehrmacht.
Et bien figurez vous que Mathew Wayne, ingénieur de génie mais mec simple vivant de sa petite entreprise d’automobile dans sa petite ville de sa petite région, décide d’apprendre le métier à ses fils Brian et Jason (encore un qui a abusé des séries américaines, il ne manque que Dylan.).
Sauf que, devenus adultes, ces deux lourdauds vont être approchés par le responsable des armes de l’empire. Celui-ci leur demande de concevoir plein d’engins de morts plus destructeurs les uns que les autres. Ne voyant pas le piège pourtant gros comme une maison et surtout appâtés par le gain substanciel promis, les deux frères acceptent.
Grave erreur car évidemment, un beau matin, l’empire utilise cette armée pour attaquer tout ce qui bouge, y compris la petite ville des deux frères ce qui, vous en conviendrez n’est pas très fair-play.
Du coup Brandon et Bobby, euh non... Brian et Jason utilisent des avions dont ils n’avaient pas filé les plans et décident de donner une bonne leçon à l’empire.
Les avions de ces petits cachotiers de Ryan et Steven euh Brian et Jason
a/ un empire, dans un scénar c’est toujours méchant.
b/ le titre du jeu s’explique car Battle Garegga en fait c’est plutôt Battle Garage, ce hangar où les frères ont conçu les engins.
c/ le scénario s’il peut prêter à sourire met quand même dans l’ambiance : seul avec notre coucou, on va défier une immense force militaire. C’est con mais ça fait plaisir.
3/ Aspect Visuel et sonore
Aaaaah, en voilà une partie intéressante. Car Battle Garegga, c’est quand même une patte graphique qui lui donne son cachet et son aura.
Bon le jeu a quand même un peu vieilli, il faut bien l’avouer. Le hardware de l’époque y est sûrement pour beaucoup. Cependant, artistiquement, Battle Garegga c’est vraiment du très très beau travail.
Cela a été dit, re-dit et re-re-dit mais impossible de faire ce test sans en parler : c’est la minutie du travail des graphistes de Raizing qui éblouit ici. Battle Garegga est une ode à ce bon vieux pixel qui aura été pour nous tous, trentenaires ou plus, un de nos premiers amours vidéo-ludique. Le jeu grouille de détails et chaque sprite est particulièrement fourni.
Pourtant, on ne peut pas dire que le jeu soit éblouissant. Au contraire, il serait même plutôt austère. Ou du moins, il ne cherche pas à faire dans le clinquant (à ce titre, il est plus classe que son adversaire Dodonpachi, qui serait plutôt gros blockbuster)
Le Steampunk, néologisme clinquant et anglophone pour le côté classe, voilà un terme qui définit bien l’ambiance de Garrega. En gros imaginez une sorte de 1ère guerre mondiale avec des engins surdimensionnés. La tôle froissée, les avions qui ressemblent à des bi-plans (ils ont même les hélices), des tanks de la Wehrmacht (ça fait deux fois ce mot dans un test, c’est louche). On se croirait au début du 20e siècle si ce n’est la présence de boss qui, eux, remplissent bien leur contrat.
Le jeu a tout de même vieilli graphiquement et commence à accuser son âge. Mais certains passages sont encore superbes. Le 1er stage, avec ses différents niveaux de profondeur, est assez bluffant.
C'est bluffant...
Par contre, il faut l’avouer les tirs sont assez peu visibles, du moins au début. En effet, dans un souci de réalisme, les ennemis tirent des balles qui ont la couleur de vraies balles : c’est à dire gris. Alors c’est chouette car ça va bien avec la cohérence esthétique sus-nommée. C’est sûr que des boulettes roses, violettes ou bleues auraient cassé l’ambiance, mais auraient quand même permis de faciliter la façon de jouer.
C’est un choix de développeur. On peut le regretter mais il faut en tout cas aller au-delà même si cela nécessitera un certain temps d'habitude. Le jeu se dévoilera réellement ensuite.
Au niveau sonore c’est le célèbre Manabu Namiki qui s’y colle et le résultat est vraiment très agréable et colle parfaitement à l’ambiance du jeu.
Un bon point pour un soft qui sait nous attirer dans son univers chatoyant et suranné.
4/ Commandes
Engrish, quand tu nous tiens.
Le jeu se joue à trois boutons :A – Le tir sur lequel on peut rester appuyé, le vaisseau ne ralentira pas. On ramasse des power-ups, plusieurs petits ou un gros augmentent la puissance.
B – La bombe. Les ennemis laissent de nombreux items au sol. Quand vous en ramassez 20, vous remplissez une ligne. Au bout de deux lignes, cela vous fait une bombe complète. Notez que l’on peut bomber sans avoir une bombe complète, mais sa puissance dépendra de votre stock de petits items.
C - En ramassant certains items, vous faites apparaitre des options puis augmenter leur puissance. En appuyant sur le bouton C, les options changent de disposition. On peut les faire tirer devant, derrière, sur les côtés, ou les faire tournoyer autour du vaisseau.
Les items à ramasser
Ici pas de folies. On est face au système le plus classique de Raizing. En détruisant les ennemis, certains lâcheront des médailles. La première a une valeur de 100 et les suivantes verront leur valeur croître (200, 300, ..., 1000, 2000,...) pour atteindre un maximum de 10.000. Si vous brisez la chaine, elle retombe à 100 et y’a plus qu’à tout recommencer (et ça énerve bien !).
Donc pour bien scorer, il faut faire monter la valeur des médailles assez vite puis en faire apparaitre le maximum possible. Le bon truc est par exemple de bomber sur les bâtiments ce qui fera apparaitre régulièrement pas mal de médailles (mais du coup le risque d’en rater et de casser sa chaîne est plus grand).
Il faut aussi ne pas hésiter à détruire le maximum de choses, ennemis comme éléments du décor, car l’air de rien ça gonfle bien le compteur de points.
L’autre élément classique des shoots Raizing / Yagawa, c’est le rank c’est à dire la difficulté du jeu qui s’adapte à votre partie. En gros le rank augmente toujours mais si vous jouez bien il augmente plus vite. Donc détruire des ennemis, avoir plein de bombes et de vies en stock, ramasser des médailles et scorer feront monter le rank et rendront votre progression d’autant plus difficile. La bonne façon de le faire descendre consiste à bomber régulièrement et aussi à se suicider (en profitant des extends qui tombent tous les millions de points). Ainsi on pourra tout de même maintenir la difficulté à un niveau acceptable.
Le 1er boss, déjà pénible si le rank augmente.
De nouveau, Battle Garegga fait honneur à la tradition des jeux Raizing et offre un certain nombre de bonus appréciables pour un jeu PCB.
Tout d’abord on peut modifier certaines caractéristiques de notre vaisseau. En le sélectionnant avec le bouton A, on aura le vaisseau dit classique. Mais en le choisissant en pressant B, il sera plus rapide et si on le sélectionne avec C il sera plus puissant. Et en pressant les trois boutons il cumulera vitesse et puissance (comme mon corps quoi !)
Diverses manipulations permettent aussi d’obtenir un second loop, un mode harder, de modifier l’ordre des stages ou bien de jouer avec les personnages de la série des Mahou.
ça change de suite l'ambiance...
Bref, plein de petits secrets pas forcément obligatoires pour profiter du jeu mais qui restent appréciables. Le seul côté pénible est de se coltiner les différentes manip’ à chaque démarrage de la PCB.
Si vous êtes intéressés par ces secrets et que vous souhaitez connaitre les différentes maniplations à effectuer, le mieux est encore de se rendre par ici
7/ Un mot sur les différentes versions et la conversion saturn
Le jeu a été exporté sur divers territoires et s'est vu proposé quelques modifications qui l'air de rien ne sont pas anodines.
Faisons le tour de ces différentes versions :
a/ La première version - Japon - USA - Europe - Asia - : Les tirs des ennemis ressemblent pour la plupart à des cartouches de fusil et les différents secret évoques ci-dessus sont disponibles via les manipulations.
b/ Deuxième version - Hong-Kong - Autriche (o_O) : La plupart des tirs ont été transformés en petites boules jaunes et les modes de jeux supplémentaires (harder, extended) ont été supprimés.
c/ Troisième version - Chine - Danemark re-(o_O) : Pareil que la précédente sauf que les niveaux 4 et 5 ont été permutés (WTF ?) et que les extends ne tombent que tous les 2 millions de points (re-WTF ?)
d/ D'autres versions existent mais n'ayant pas trouvé les différences précises, je m'abstiens de les mettre pour le moment.
La conversion Saturn est jugée comme étant de très bonne qualité (je la connais assez mal). Elle a le bon goût de proposer un mode avec de jolis boulettes roses pour remplacer les tirs les moins visibles. Sympa. Mais par contre dans ce mode on ne peut plus déplacer ces options. Con.
Cette version reste cependant une référence a avoir pour deux raisons. D’abord la pochette tue la gueule.
ça tue la gueule.
Le stage des nuages, classique sauf que là les nuages sont présentés en vertical avec des éclairs qui zèbrent le paysage. C'est bôôô.
8/ Verdict
Battle Garegga est un monument du shmup. C’est comme ça. On ne peut pas discuter. On peut ne pas aimer le jeu mais il serait vraiment de mauvaise foi de nier l’importance qu’il a pu avoir dans l’histoire du genre.
Le jeu transpire la classe, suinte le détail, coule de précision. Son seul défaut serait peut être de se retrouver noyé dans la masse de shmups des années 90 que nous possédons tous dans le répertoire MAME de notre PC.
Lancez-le, jouez-y, souffrez jusqu’à finalement atteindre ce moment subtil où le lien se crée. Ce moment où la souffrance et la difficulté se transforment en plaisir. Ce moment où les morts et les game over ne sont plus colère ni frustration mais simplement de la motivation. Celle qui nous anime et qui nous pousse à nous dépasser.
(Putain c’est beau !)