On reste dans le vieux, en allant voir ce que le Spectrum avait à nous proposer au milieu des années 80.
Cas no.11 : Airwolf II, d'Elite (ZX Spectrum, 1987)
Parfois, on aimerait souffrir d'incontinence sévère, question de pouvoir uriner sur toutes les daubes de ce monde sans le moindre complexe.
Le Spectrum n'est pas réputé pour ses grandes qualités techniques. D'un niveau inférieur à celui de l'Amstrad CPC en matière d'animation de décor et de sprites, ce micro, véritable légende outre-Manche, n'a jamais été à son aise dans le domaine de l'action pure. Pourtant, avec un peu de talent, il était possible de le pousser dans ses derniers retranchements et de le faire accoucher de quelques prodiges, comme l'exceptionnelle conversion d'
R-Type d'Electric Dreams.
Airwolf II (Supercopter, en France), c'est hélas un peu tout le contraire - un concentré de médiocrité rassemblant à lui seul tous les défauts de la machine - et du genre.
Commençons tout d'abord par sa réalisation : enfermée dans une petite fenêtre rectangulaire comme cela était hélas trop souvent le cas à l'époque, l'aire de jeu affiche un graphisme monochrome dont les couleurs varient sans prévenir en fonction de l'endroit que survole l'hélicoptère. La finesse relative des sprites et des décors ne fait hélas pas oublier leur pauvreté affligeante : sans la moindre imagination, le programme enchaîne les décors qui ne ressemblent à rien, puisant leur inspiration dans les quelques classiques de l'époque,
Gradius en tête. Les ennemis, eux, mélangent allègrement bulles de savon et équipements militaires dernier cri, ce qui ajoute à la crédibilité de l'action. L'animation, relativement fluide, se permet quelques originalités, comme l'ajout d'un scrolling vertical dans certains niveaux, mais cette qualité se fait vite oublier en raison du manque de lisibilité de l'action, le décor étoilé se confondant souvent avec les projectiles ennemis et les quelques power-ups jetés aléatoirement en pâture par le programme.
Manquant donc parfois de clarté, le gameplay manque également de logique. Tout le monde le sait, le Supercopter est un hélicoptère doté d'une puissance de feu telle que rien, absolument
rien, ne lui résiste. La série télé l'a prouvé maintes fois, et c'est exactement ce sentiment de puissance que le joueur tient à retrouver dans une production estampillée Airwolf. Comment expliquer donc que, après s'être exercée avec succès contre les premiers ennemis volant du jeu, la bête de guerre voie ses projectiles littéralement
traverser les tourelles jonchant le décor sans même les égratigner ? Comment accepter un tel aveu d'impuissance ? Et pourquoi le logiciel n'apporte-il aucun élément de réponse concernant cette scandaleuse subtilité scénaristique ?
De même, comment tolérer que le Supercopter se retrouve parfois condamné à se crasher contre un mur après avoir emprunté, bien malgré lui, un des nombreux culs-de-sac du décor ? Comment accepter que les seuls sons émis par ce monstre de puissance soient semblables à de misérables flatulences de hamster ? Pourquoi les power-ups, totalement aléatoires, n'apportent-ils que si peu d'améliorations ? Et puis franchement, pourquoi le Supercopter vole-t-il
de droite à gauche, et non de gauche à droite, comme dans 100% des productions concurrentes ?
La vérité, moi, je vous le dis : les programmeurs d'
Airwolf II ont voulu décrédibiliser, voire ridiculiser, un des plus grands héros de notre enfance - le genre d'affront qui me donne la furieuse envie de retrouver les responsables de cette mascarade, de me poster devant eux, et d'être pris d'une très forte crise d'incontinence, si possible très longue et complètement incontrôlable.
Verdict : Airwolf II, une daube ?
Oui ! Ratée jusqu'à la moelle, cette production souffre d'un manque flagrant d'inspiration et de rigueur. Les quelques originalités (le double scrolling) sont systématiquement contrebalancées par des choix de gameplay hasardeux et idiots. Un vrai scandale transpirant l'amateurisme, comme il en existait hélas beaucoup trop dans les années 80.
Niveau de daubitude : A+++