Ah oui, j'ai pas précisé tant ça me semblait évident, mais je parle de la production japonaise. En Europe, on ne faisait pour ainsi dire pas de shmups. Ceux qu'on produira n'arriveront qu'au tout début des 90's et, vous n'êtes pas sans le savoir, avaient un feeling bien différents des jeux japonais. Xenon, Wings of Death, Agony, Raptor ou Tyrian n'ont rien à voir avec les productions contemporaines qui sortaient au Japon sur les ordinateurs analogues. On n'a pas inventé le terme euroshmup pour rien.
En Europe, en dehors des adaptations de l'arcade, on n'a rien connu de la production japonaise des 80's, et le peu qu'on a vu apparaitre sur nos ordis l'a été sur des supports très peu adaptés. Les Spectrum, CPC ou C64 avaient bien du mal à suivre.
Remarquez, même sur des machines supérieures, c'était pas toujours la joie. D'autant que les jeux étaient portés en deux semaines par des mecs mandatés par des éditeurs peu scrupuleux comme US Gold (la légende veut qu'US Gold ne beta-testait aucun de ses jeux, un jeu arrivé à la date limite de son développement était vendu tel quel, et peu importaient les bugs, maniabilités mal étalonnées et sprites pas finis). Jouez à UN Squadron sur Amiga ou à Dragon Saber sous MS-DOS et vous comprendrez votre douleur...
Quant à Parodius, je ne sais pas si tu te rends compte du ras de marée que fut ce jeu au Japon... Chez nous, c'est un jeu quasiment confidentiel, là bas, c'est une institution. Après lui, les cute'em ups, les japs vont en bouffer à toutes les sauces pendant près de quatre ans. QUATRE ANS. C'est une éternité en terme vidéoludique. On aura bien sûr Cotton et ses copines animées, mais même Hudson va s'y mettre, y en a plein la PCE-CD de ces trucs. Y en aura partout (et évidemment aucun ou presque n'arrivera chez nous, ce genre de truc ne marche pas en Europe).
Au delà de ça, je cite surtout Parodius comme maître étalon de ce que la production micro a pu donner à un moment donné. C'est le jeu qui a donné le coup d'envoi d'une véritable course au shmup sur les ordis japonais. On s'est rendu compte que ces petites machines n'avaient rien à envier aux consoles, et on s'est mis à développer dessus. C'est resté un exclusif MSX pendant une année entière, ce qui reste incroyablement long dans le monde des jeux vidéo. Et comme je le précisais, il était accompagné par Nemesis III et leur succès combiné a évidemment rejaillit sur toute la production Konami qui les avaient précédé (et les suivraient, comme Space Manbow). Parodius permet à toute une frange de développeurs installés et à venir de se rendre compte de la puissance des machines du bureau. La mode de l'anime SF prendra le pas, les souvenirs de l'arcade et la sainte trinité de l'horizontal aussi, évidemment, mais c'est bien à la sortie de Parodius qu'on doit les Xadlak, Naious, Star Trader ou Gal Seed que je te citais sur X68000. Ce sont tous des horizontaux space op' post-Gradius pur jus, mais sans la claque que fut Parodius, ils n'auraient jamais vu le jour. Avant ce jeu, les micros, tout le monde s'en foutait, Konami était le seul gros éditeur japonais à développer sur MSX et le PC-88 était connu comme une machine de pirates pervers. Et évidemment, qui dit Parodius dit forcément Gradius (la sortie de Nemesis 90 Kai, je le répète un remake X68000 du Nemesis II MSX, est un signe suffisant), les deux sont indissociables. C'est pour ça que je dis avant tout qu'on doit le shmup micro à Konami. Car j'entends bien TOUT Konami. Il y a des jeux qui attirent l'oeil et qui par leur impact momentané sont des jalons dans la petite histoire du shmup micro, dont Parodius, mais ils ne sont que la partie immergée de l'iceberg.
Il y a du monde derrnière, ne serais-ce que Compile. C'est juste que Compile était et a toujours été un petit développeur. Encore une fois, Konami était le seul gros édtieur sur micro, et il a fait en sorte qu'on le sache en submergeant littéralement le marché. Regarde Space Manbow, Knightmare, Firebird, Twin Bee... Certains de ces shmups sont exclusifs au MSX et sont plus connus que des productions arcade bien plus belles de la même époque. Et encore, on ne parle ici que de shmups, Konami était sur TOUS les fronts entre 1986 et 1988, 75% des jeux du MSX portaient la
double hélice. Et il y a une raison à ça : à la fin des 80's, on commence déjà ce transfert de la salle vers le salon, la Megadrive arrive dès 1988, la PCE dépasse tout ce qu'on aurait imaginé capable pour une 8bits, ça devient la folie, et ça éclabousse forcément sur les micros.
Pour rester chez Konami, les jeux de la même période en arcade, c'est Ajax et MX5000 (qui s'en souvient ?), Thunder Cross qui n'aura qu'un succès très confidentiel, un Gradius III sans imagination qui pâlit en face de son homologue sur MSX, et... Parodius ! On y revient... A l'époque, la série parodique prendra le pas sur toute la production shmupesque de Konami, et tous les jeux typés SF/militaire seront l'occasion d'expérimenter pour les développeurs. Xexex, par exemple, un jeu complètement baroque à la croisées des chemins entre R-Type, Gradius et Parodius, avec des graphismes qui partent dans tous les sens et des effets de rotation/scaling absolument dingues. Xexex est sorti en 1991, il prédate le Taito F3, la première vraie machine 2D/3D, de deux ans et tourne sur un hardware 100% 2D (le même que celui du beat'em all Asterix, je crois), c'est un jeu techniquement époustouflant au gameplay génial qui devrait être au panthéon du shump... mais dont tout le monde se fout complètement. Konami ne l'a pas pubé, tous leurs efforts étaient tournés vers l'exploitation florissante de Parodius et ses 250 portages. Et je le répète, entre 1990 et 1996, la série Gradius sera complètement éclipsée par sa petite soeur. Après l'échec du III en arcade, Konami ne veut plus en entendre parler, il faudra une génération de fans et des doujins en pagaille pour maintenir la flamme, et c'est sur micros qu'on va les retrouver (car, ne n'oublions pas, dès 1992, le shmup n'a plus la côte en arcade, on veut du jeu de baston). D'ailleurs, Konami a tellement peur de l'arcade à la fin des 90's que Gradius reviendra d'abord sur PS1, et tellement peur de l'échec de son jeu qu'il ne sortira qu'au Japon... On n'y pense pas parce que la série est profondément encrée dans nos coeurs de shmuppeurs, mais commercialement parlant, Gradius revient de loin.