Y a d'ça quelques semaines, je vous faisais part de ma découverte de la cartouche d'R-Type sur MSX et de son artwork de la classe absolue, un portage dont l'existence m'était étrangère malgré ma prétendue connaissance du support. Le machin étant pour ainsi dire chasse gardée de Konami, pensez-donc... A peine deux-trois jours plus tard, un ami en rajoutait une couche en me montrant la boite du portage X68000 arborant le même artwork. J'en rigolais, dans ma totale ignorance de la série, comme d'un signe du destin, et Shu m'encourageait effectivement à m'y mettre.
Mais c'est pas si facile.
Voyez-vous, R-Type, c'est un peu ma bête noire. Je suis totalement incapable d'y jouer. C'est dur, okay, mais ça je savais, et j'ai regardé assez de vidéos du truc pour en avoir saisi le principe d'apprentissage des placements et toutes ces sortes de choses. C'est surtout que je n'arrive pas à me faire au gameplay. Je ne sais pas gérer la charge, je fais n'importe-quoi avec la Force, je m'y sens comme un cul-de-jatte dans un champ de mine : condamné. De toute façon, le style glauque et poisseux du truc ne me branche pas spécialement, j'ai assez répété que je détestais les stages organiques de Gradius (c'est même la raison première pour laquelle je ne joue pas aux Salamander) pour que ma grimace devant un R-Type soit une évidence...
Alors j'ai délayé. J'ai délayé au point de lui trouver deux tonnes d'ersatz, dont Redux que j'ai découvert sur Steam à l'occasion d'un récent bundle après avoir longtemps hésité à m'offrir un des épisodes Dreamcast. Redux a ceci d'intéressant que la Force est inamovible, bouclier rondouillard à l'image du shield de Gradius s'il avait été indestructible. Et je trouve ça génial. Passé un certain point, le sentiment d'invincibilité procuré par ce machin est juste grisant. Juste, Redux n'est pas une muraille infranchissable et il m'arrive pourtant d'y pédaler comme une mouche dans un bol de lait. Imaginez si R-Type, en comparaison, continue de me laisser quelque peu circonspect.
Ceci étant, j'ai fini par sauter à pieds joints dans le bordel en milieu de semaine. Et j'ai pris cher. Très cher. J'ai credit feed comme un goret deux ou trois fois pour aller jusqu'au stage 4, mais à la régulière, je ne suis arrivé devant Krell qu'une seule et unique fois, et malgré toutes les vidéos que j'ai vu du machin, il m'a quand même dérouillé (j'ai pas lancé ma Force comme y fallait, ratage fatal).
Par esprit de complétion, j'ai aussi sorti d'autres émulateurs que MAME pour en tester d'autres épisodes sur d'autres supports. Je ne vous cache pas l'incompréhension que j'éprouve pour R-Type Delta, qui m'est resté désespérément opaque, et l'aversion totale que m'évoque R-Type Final, que j'ai trouvé chiant comme la pluie à cause d'un level-design passablement morne. Le problème, c'est que toutes ces expérimentations ne m'ont pas permis d'avancer d'un pouce dans l'épisode originel. La sagouin est difficile comme c'est pas humainement permis, et quoi que ce soit exactement mon style de shoot (je les aime horizontaux et lents, j'ai une aversion profonde pour les enfants surexcités de Thunder Force), j'y suis toujours irrémédiablement coincé. Pour rigoler, j'ai même lancé R-Type 2, qui m'a violé et m'a laissé exsangue, roulé en position foetale dans un coin. Et...
...Et j'ai testé R-Type Leo.
J'avais lu des tas de mauvaises choses sur ce brave jeu, épisode indigne, trahison, R-Type sans charge, sans force et même sans Bydo. R-Type sans R-Type, quoi. Et c'est juste génial. Bon, pour sûr, ça n'a rien à voir avec ce que je voulais expériencer de la série en me lançant gaillardement mercredi soir, mais nous sommes dimanche, et je crois que j'ai passé les trois derniers jours à inlassablement en enchaîner les trois premiers niveaux (j'ai déjà vu la gueule du quatrième -Gradiusien au possible-, mais je ne passe que très rarement le boss technomonstroplante du stage 3). La musique y est superbe (les bruitages beaucoup moins :P ), le gameplay vif, c'est beau comme tout et l'ambiance est agréablement fraîche en comparaison de tout ce que la série m'avait balancé à la gueule jusque là. J'adore ses lasers qui rebondissent, j'adore ses options à tête chercheuse, j'adore son level-design (mention pour le désert du stage 2) et j'adore son scenar à base d'IA folle qui prend le contrôle d'une planète artificielle. En clair, ce vrai-faux épisode est blasphématoire pour le puriste de la série et une bénédiction pour l'amateur de mange-pièce space-op' que je suis. Et c'est là que se trouve le vrai nerf de la guerre à mes yeux : R-Type Leo est en vérité très proche de ce qu'on peut trouver chez Konami dans un Space Manbow ou un Thunder Cross, et j'adore Space Manbow et Thunder Cross. Fatalement, j'adore R-Type Leo... Et ça n'arrange pas mon cas dans la perspective où je devrais comparer les deux séries : c'est pas faute d'avoir essayé R-Type, mais il s'avère que je suis définitivement un joueur de Gradius, faudra que je m'y fasse...
Tiens, tant qu'à comparer avec du Konami, digressons gaiement : je ne peux pas m'empêcher de voir Leo comme une réponse à Xexex, sorti un an plus tôt et qui alliait une Force à tentacules à un level-design inévitablement Gradiusien. Ou "comment faire la nique à son concurrent historique" en une seule leçon. Et quelle leçon c'était, car, bien au delà de ses références R9iennes (voire Iremiennes en général, on a tous fait le parallèle avec X-Multiply), Xexex est surtout intéressant pour ses prouesses techniques et, de fait, un cas vraiment particulier dans mon panthéon du shmup : je n'aime honnêtement pas le gameplay (la Force, vous l'aurez compris) et la direction artistique est plus que discutable, mais le hardware de ce jeu (original qui plus est, jamais réutilisé) me fascine. Xexex en met plein la gueule du joueur. En 1991, Konami avait deux ans d'avance sur le Taito F3 et six (six!) sur son propre Gaiden (et la comparaison avec Leo, tout réussi -ça reste du pixel Irem, c'est beau- qu'il soit, est particulièrement douloureuse). C'est aussi assez drôle de voir comme la 3D inversera la tendance à peine quelques années plus tard, avec Delta qui propulsera Irem au top en profitant des performances de la Playstation pendant que Konami moulinera en arcade avec un Gradius IV passéiste au possible (avant que Treasure ne viennent mettre tout le monde d'accord, ce qui prendra tout de même une génération de console et six années de plus)...
Enfin bref, voila, R-Type Leo.
Je n'ai toujours pas passé le stage 1 d'R-Type, mais ça ne m'intéresse honnêtement plus du tout. Je disais vouloir travailler un peu Redux, que je sentais à ma portée, mais il attendra. J'ai trouvé un nouveau prétendant à mon top-10 des meilleurs shmups de l'histoire. J'ai passé vingt-trois ans d'ignorance sans R-Type Leo, et je n'avais pas idée à quel point il me manquait...
uberwenig a écrit :Bon, en tout cas, faut que je me décide vite, parce que acheter un épisode en double, soit, mais je vais pas changer de bécane à la moitié de l'aventure, quoi!
J'ai du faire ça pour Valiant Hearts l'an dernier. Je n'sais pas si la durée de vie équivaut à celle de ton jeu, mais mon ordi avait lâché vers la quatrième ou cinquième heure, à peu près à la moitié. Et quand je dis lâché, il était mort et bien mort... J'ai été obligé de recommencer sur un autre support (mais pas sur consoles, j'ai pas de consoles, j'ai joué sur Android... et le gameplay tactile m'a paru bien plus adapté, curieusement).