Oui, on a nos problèmes de traduction approximative, les anglophones leurs problèmes d'approximations cognitive, non pas parce qu'ils n'en ont rien à foutre de distinguer les axiomes des sous catégories, mais pour une raison plus essentielle : le fait que le
shmup pédestre n'existe pas en tant que tel chez les anglophones vient d'une relation
à la langue même plus qu'au jeu vidéo.
En première heure de cours de traduction de première année de fac d'anglais, pour t'expliquer que la traduction littérale, c'est le Mal, ils donnent systématiquement cet exemple :
"Il monta dans sa chambre sur la pointe des pieds" se traduit par "He tiptoed up to his room".
En français, "sur la pointe des pieds" indique la façon de se déplacer, alors que la direction ("monter") est incluse dans le verbe.
En anglais, c'est l'inverse, la façon de se déplacer est dans le verbe ("to tiptoe" = se déplacer sur la pointe des pieds) et il faut ajouter un mot pour indiquer la direction du mouvement ("up").
Pour shmup
pédestre, c'est la même chose, les anglais s'en battent la race
à cause de la structure même de leur langue.
Donc sans la case "pédestre", pas besoin ensuite de distinguer les différents types de marche à pied^^.
C'est pour ça que j'ai de l'indulgence face aux traductions hasardeuses des genres, que ça m'énerve d'entendre les spécialistes dénigrer le terme VS fighting parce que "ça n'existe pas chez les anglais, ça veut rien dire et les anglais se foutent de notre gueule, hein, attention, faut'l'savoir!" (HBGP, si tu m'entends...

) et que je trouve l'étude comparée des genres, des étiquettes, de ce qu'elles regroupent, excluent...Etc particulièrement intéressante.
Reste qu'autant Commando et sa clique peuvent être ambigus et flirtent avec le run & gun vertical (d'ailleurs, peut-être bien que les shmups pédestres verticaux stricto sensu sont aussi rares qu'à l'horizontale, où pour l'instant il y a Psycho Soldier et peut-être ma trilogie de mechas Wolf machin), autant les deux Toaplan OutZone et FixEight sont clairement des shmups pédestres verticaux.
Peut être qu'on a un shmup pédestre vertical strict quand l'une ou plusieurs des caractéristiques suivantes est présente :
-la possibilité de locker son tir dans une direction plutôt que de suivre le mouvement du perso
-le scrolling forcé
-l'impossibilité de sauter et/ou de tomber dans un trou.
à voir...
En tout cas, pour revenir aux différence Français/angliche, il n'est pas impossible que de nos jours, plutôt que run & gun, un Commando-like serait décrit à tort ou à raison chez les angliches comme
"top down shooter", avant d'être run & gun, en mettant l'emphase sur
l'angle de vue plutôt que sur le caractère "
fuite en avant" du jeu, en l'assimilant du coup à toute la clique des
Hotline Miami,
Alien Breed et autres jeux qui n'ont rien voir entre eux, sinon l'angle de vue (comme
Nuclear Throne, qui se retrouve dans les listes des meilleurs top down shooters,
Binding of Isaac et plein d'autres).
C'est intéressant d'ailleurs, ce glissement,
les shmups verticaux étant souvent eux aussi décrits par ce terme générique Top Down shooter dans la langue de 2 pak, ce qui vient probablement de l'avènement des jeux "multidirectionnels" de nos jours, par opposition à la tradition du scrolling forcé, de la direction imposée, qui passe du coup au second plan, même pour les shmups, dans les milieux non spécialisés.
Mais ça rejoint ce que je disais sur les étiquettes qui décrivent et celles qui définissent, qui désignent un genre à l'exclusion d'un autre.
Il y a une grosse différence entre :
-
les étiquettes "descriptives", celles qui sont là juste pour aider à causer d'un jeu sans devoir exposer toutes ses mécaniques (comme l'imbitable terme metroidvania, qui reste bien pratique),
- et
les étiquettes "prescriptives", qui édictent les codes d'un genre, a posteriori, une fois que celui-ci a suffisamment maturé pour que ses contours soient dessiné
NB : on peut dire que d'un coté, on a l'approche disons "historique" qui analyse la continuité des choses, pose les bornes, définir les points de basculement, de départ des genres...etc, et de l'autre, Deleuze avec son idée assez évidente qu'un truc (philosophies, genres, courants artistiques, media...etc) qui apparait commence par imiter, prolonger et/ou réagir à ce qui le précède immédiatement, avant de pouvoir, au bout d'un long moment, affirmer son identité, son devenir et que donc, pour connaître ce qu'est réellement un genre, un mouvement, une philosophie, c'est littéralement par son milieu qu'il faut l'aborder.
Allez, je m'arrête sur ce pti clin d'oeil parce que je suis claqué.